Respecter et intégrer la législation sur les œuvres numériques liées au domaine professionnel

Les caractéristiques du droit moral

Important

Les différentes prérogatives du droit moral sur l'œuvre n'ont pas de limite dans le temps et survivent à la mort de l'auteur de l'œuvre. Par contre, les héritiers de l'auteur ne peuvent pas les céder à un tiers.

Vu le schéma ci-dessous, le droit français semble consacrer une approche absolutiste en affirmant pour les deux droits moraux majeurs (droit au nom et droit au respect de l'œuvre) qu'ils sont « perpétuels, inaliénables et imprescriptibles » (article L121-1 CPI).

Caractéristiques du droit moral

Faut-il, pour autant, à la lecture de l'article L121-1 du CPI, conclure que l'exercice de ces droits moraux « absolus » par leurs titulaires (auteurs ou ayants-droits) est discrétionnaire, c'est-à-dire insusceptible d'abus.

Rappel

Ceci dit, rappelons que ce courant jurisprudentiel se focalise uniquement sur des cas d'espèce relatifs à l'industrie culturelle (production cinématographique ou musicale...) et que, malgré tout, la sécurité juridique nous invite à adopter une interprétation relativiste des droits moraux.

Autrement dit, dans un contexte globalisé tel que celui des TIC[3], il semble sage d'appliquer l'article L121-1 du CPI en le mettant nécessairement en perspective avec l'article 6b de la convention de Berne, qui consacre au niveau international, la notion de droits moraux sur l'œuvre.

Aux termes de l'article 6b, les droits moraux permettent à l'auteur de « revendiquer la paternité de son œuvre » et «  de s'opposer à toute déformation, mutilation ou autre modification de son œuvre » dans la mesure où l'auteur ou ses ayants-droits motive et justifie l'atteinte « préjudiciable à son honneur ou sa réputation ».

Important

L'avantage de la convention de Berne est de mieux encadrer les modalités d'exercice des droits moraux et de prévenir, par l'admission de l'abus de droit, toute tentative soit d'usage à des fins vexatoires soit de détournement d'objet ou de finalité.

Dans un contexte professionnel, les enjeux de la confiance et de la sécurité juridique sont capitaux. C'est pourquoi il est important d'user des droits moraux de manière raisonnable en permettant au juriste-créateur de défendre efficacement ses prérogatives morales sur ses contenus protégés, tout en condamnant l'exercice abusif de ces mêmes droits à des fins vexatoires ou mercantiles.

Remarque

Comme le fait remarquer André Bertrand, l'usage des droits moraux doit être « plus strictement contrôlé dès lors qu'ils interférèrent avec l'exercice légitime des droits patrimoniaux de tiers et notamment avec le domaine public », l'abus de droit devant sanctionner l'auteur ou ses ayants-droit qui les exercent comme « un droit patrimonial bis » (BERTRAND, 2010, p. 221).

Attention

Pour conclure sur les droits moraux, l'approche relativiste semble la plus adaptée pour protéger efficacement les contenus numériques créés par les professionnels du droit et protégées par le droit d'auteur, d'autant plus que cette approche est partagée par une majorité d'états, notamment européens, signataires de la convention de Berne.

Cartographie des états-signataires de la convention de Berne, signalés en bleu.InformationsInformations[4]
  1. Date28/05/1991
    JuridictionCour de cassation Première chambre civile
    Pourvoi89-19522
    TypeNationale
    Résumé

    Constituent des lois d'application impérative, les règles selon lesquelles en France, d'une part, aucune atteinte ne peut être portée à l'intégrité d'une oeuvre littéraire ou artistique, quel que soit l'Etat sur le territoire duquel elle a été divulguée pour la première fois et, d'autre part, la personne, qui est l'auteur de cette oeuvre du seul fait de sa création, est investie du droit moral institué à son bénéfice. Dès lors, doit être cassé l'arrêt d'une cour d'appel qui, pour débouter les héritiers du coréalisateur d'un film créé en noir et blanc, dont une version colorée a été établie par le producteur, de leur demande d'interdiction de diffusion de cette nouvelle version, énonce que les éléments de fait et de droit relevés par elle interdisaient l'éviction de la loi américaine et la mise à l'écart des contrats.

    Mots clésPropriété littéraire et artistique, Film, Établissement par le producteur d'une version colorée, Droit moral, Exercice, Auteur, Bénéficiaire, Droit au respect de l'oeuvre, Atteinte, Prohibition, Lois d'application impérative, Œuvre divulguée pour la première fois sur le territoire d'un État étranger, Absence d'influence, Conflit de lois
    PublicationBulletin 1991 I N° 172 p. 113
    Numéro d'affaire89-19522
    Textes Appliqués

    Art. 6 de la Loi 57-298 du 11 mars 1957

    Art. 2 de la loi 64-689 du 8 juillet 1964

    Consultez le texte
  2. Date05/12/2006
    JuridictionCour de cassation Première chambre civile
    Pourvoi05-11789
    TypeNationale
    Résumé

    Toute modification, quelle qu'en soit l'importance, apportée à une oeuvre de l'esprit, porte atteinte au droit de son auteur au respect de celle-ci.

    PublicationInédit au bulletin
    Textes Appliqués

    L121-1 du CPI

    Consultez le texte
  3. TIC : Technologies de l'information et de la communication

  4. Source  : Wikipédia - CC - 2012 Creative Commons Zéro

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