B. La violation du secret de l'instruction
L'auteur de la violation du secret de l'instruction viole son secret professionnel et à ce titre est punissable dans les conditions de l'article 226-13 du code pénal.
Le receleur de la violation du secret professionnel est punissable dans les conditions de l'article 321-1 du code pénal.
En outre, l'article 434-7-2 du code pénal dispose que le fait de révéler des informations sur une enquête ou une instruction à une personne auteur ou complice d'un crime ou délit dans le dessein d'entraver le déroulement de l‘enquête ou l'instruction est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
Sur le plan procédural, la violation du secret de l'instruction n'est pas sanctionnée par une nullité (Crim. 24 avr. 1984, D. 1986. 125, note J. Cosson), de sorte qu'elle ne peut entraîner l'annulation de la procédure, dès lors qu'elle est extérieure à celle-ci. Mais celui qui se prétend victime de la violation du secret de l'instruction peut engager une action sur le fondement de l'atteinte à la présomption d'innocence et obtenir la cessation de la violation du secret de l'instruction ainsi que des dommages et intérêts (article 9-1 du code civil).
Exemple :
Cependant, lorsque la violation du secret de l'instruction est concomitante à l'accomplissement d'un acte de procédure, la jurisprudence admet que la violation d'un tel secret peut conduire à l'annulation de l'acte de procédure s'il en est résulté une atteinte aux intérêts d'une partie en cause.
Le devenir du secret de l'instruction
La presse divulgue au quotidien des informations couvertes par le secret de l'instruction de sorte que certains ont posé la question de l'opportunité d'un tel secret, jusqu'à le remettre en cause.
A l'occasion de la rentrée solennelle de la Cour de cassation en 2009, le président de la République relevait que « le secret de l'instruction est une fable à laquelle plus personne ne croit. Alors là aussi les choses sont simples : si le secret de l'instruction n'existe plus, si plus personne ne le respecte, alors il est inutile de maintenir dans le code cette fiction. Je crois en revanche utile de créer un réel secret de l'enquête avec comme seule limite de renforcer la communication du parquet afin, le cas échéant, de démentir les informations fausses qui, souvent à dessein, sont diffusées dans le seul but de nuire à tel ou tel ».
Polichinelle et son secret : pour en finir avec l'article 11 du code de procédure pénale : « Polichinelle, personnage cabossé des théâtres traditionnels de marionnettes, parle bruyamment, à tort et à travers, révélant ainsi tous ses secrets. Il ne s'agissait évidemment pas ici, ni de comparer le juge d'instruction, malgré ses plaies et bosses actuelles, à ce personnage, ni de revendiquer une procédure pénale bavarde ou jacassant qui foulerait au pied la présomption d'innocence ou les nécessités de l'enquête. Mais il faut, reprenant la formule de Garraud, constater simplement que le ou les secrets du droit datent pour beaucoup, et singulièrement pour le secret de l'instruction, d'un autre temps et qu'il appartient au législateur de rejoindre ici comme ailleurs son époque. »
Bruno Lavielle, Vice-président chargé de l'instruction à Fort-de-France
Patrice Lemonnier, Vice-procureur près le TGI de Fort-de-France (AJ Pénal 2009 p. 153)