Rattachée au ministère des Affaires sociales, la
Direction de la Population et des Migrations (DPM) a été créée, par décret du 6 juillet 1966, en étant alors « chargée des affaires » concernant les migrations à l'intérieur du territoire français, de l'immigration, des actions en faveur des immigrés et des naturalisations . Il s’agissait alors, parallèlement aux compétences exercées par le ministère de l’Intérieur, de regrouper au sein d’une même direction ministérielle les compétences en matière d’immigration éclatées jusque-là entre différents ministères (Affaires sociales, Santé et Population, Travail) et plus largement répondre au phénomène des mouvements migratoires et démographiques, y compris internes à la France (rapatriés d’Algérie, Outre-mer), qui ont marqué l'après-guerre.
Regroupant l’ensemble des services chargés des questions migratoires et des naturalisations, la DPM s’est vu confier la gestion de l’immigration familiale et de travail mais aussi la mission de favoriser l’intégration sociale des migrants. Pour mener à bien ces missions, la DPM était initialement structurée en trois sous-directions :
- la sous-direction des « mouvements de population », devenue par la suite la sous-direction « de la démographie, des mouvements de population et des questions internationales (DMI) », était compétente, en lien avec le ministère de l’Intérieur, pour l'élaboration et l'application de la législation et de la réglementation relatives aux conditions d'entrée et de séjour en France des étrangers, en particulier s’agissant du regroupement familial et des autorisations de travail. Elle proposait les actions concernant l'immigration sur le territoire français et les migrations à l'intérieur de ce territoire et plus largement l'élaboration et le suivi de la politique démographique. Elle exerçait la tutelle sur l'Office National d'immigration (ONI, devenu ensuite Office des migrations internationales – OMI).
Elle assurait aussi la préparation et veille à l'exécution des accords internationaux en matière d'immigration.
Elle participait à la négociation des conventions d'établissement, aux réunions des organismes internationaux compétents en matière d'immigration et à l'application des dispositions du traité instituant la Communauté économique européenne, en ce qui concerne la libre circulation des travailleurs ;
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la sous-direction « des programmes sociaux en faveur des immigrés », devenue par la suite, sous-direction « des programmes sociaux et de l’action culturelle » puis, en 1983, « sous-direction des communautés immigrées », puis, en 2000, abandonnant cette appellation « sentant le souffre » , sous-direction de l’« accueil et intégration ». Elle était chargée de « promouvoir et de coordonner les interventions sociales en faveur des étrangers qui résident en France, dans les domaines de la culture, de l’action socio-éducative et de la formation », ses missions ont été élargies et ont évolué par la suite à la question de l'intégration des populations immigrées et à la lutte contre les discriminations.
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la sous-direction de la naturalisation, reprenant les compétences en matière de naturalisations du ministère de la Santé et de la Population dans l’après-guerre.
Même si la DPM a pu être « tiraillée » entre sa participation au contrôle des flux migratoires, notamment en lien avec le regroupement familial et les autorisations de travail, et sa vocation à favoriser l’intégration des immigrés, elle a réussi, selon Alexis Spire, « à certains moments, à faire contrepoids à l’hégémonie du ministère de l’intérieur » et à une « vision purement policière de l’immigration » au profit d’une appréhension plus sociale et intégratrice.
Le premier directeur de la population et des migrations a été le conseiller d’Etat Michel Massenet, nommé en 1966, par le ministre des Affaires sociales Jean-Marcel Jeanneney, jusqu’au ministère Fontanet en 1972. La fonction de « DPM » a été ensuite occupée successivement par Charles Barbeau (1972 – 1973), André Postel-Vinay (1973 – 1974), avant qu’il devienne éphémère secrétaire d’Etat chargé des travailleurs immigrés, puis Jacques Fournier (1974 – 1979), Jean Chazal (1979 – 1981), Pierre Granjeat (1981 – 1985), Gérard Moreau (1985 – 1997), Jean Gaeremynck (1997 – 2005), Patrick Butor (2005 – 2007).
La DPM produisait également des circulaires, notes et instructions mais aussi des rapport et études statistiques en particulier les rapports annuels statistiques intitulés « Immigration et présence étrangère en France » élaborés pendant vingt ans par le statisticien André Lebon (appelés « rapports Lebon »).
La DPM a cessé son activité au 31 décembre 2007 avec la création du ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement . En son sein, il a néanmoins été maintenu une Direction de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté (DAIC).
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