Commentaire
Le terme de cabinet n'existe pas dans les lois constitutionnelles ; toutefois, la loi constitutionnelle du 25 février dispose que « les ministres sont solidairement responsables devant les chambres de la politique générale du gouvernement, et individuellement de leurs actes personnels » (art. 6). La responsabilité politique et la solidarité ministérielle caractérisent le régime parlementaire. Par ailleurs, le Président dispose du droit de dissolution de la Chambre (art.5, Loi constitutionnelle du 25 fév. 1875).
Dans les premières années, le régime parlementaire s'est pratiqué selon la lettre des lois constitutionnelles : en 1875, il était donc dualiste, les ministres étant collectivement responsables à la fois devant le Président de la République et devant les députés. Mac-Mahon devait en effet exercer une présidence active, afin de préserver toutes les compétences exécutives pour le retour d'un monarque qu'appelaient de leurs vœux les monarchistes. Cependant, à la suite de la « crise du 16 mai », Mac-Mahon alors en conflit avec la chambre des députés de plus en plus largement républicaine, se soumit, puis se démit : il démissionna en janvier 1879 ; et le Président nouvellement élu par les chambres pour lui succéder déclara qu'il n'entrerait pas en conflit avec la représentation nationale. Le régime devenait alors moniste : le gouvernement était désormais responsable devant la seule chambre des députés.
On parle avec excès de la « constitution Grévy », comme s'il s'agissait d'un acte du pouvoir constituant. En réalité, ce qu'on appelle la « Constitution Grévy » est une simple déclaration de Jules Grévy, à son élection en janvier 1879 comme président de la République, à la suite de la démission de Mac-Mahon. En ce sens, la « constitution Grévy » n'est donc pas une révision formelle des lois constitutionnelles. Toutefois, par cette déclaration, le Président Grévy annonçait qu'il n'entrerait pas en conflit avec la représentation nationale, comprenons contrairement à son prédécesseur. Cette courte déclaration changea la nature du régime parlementaire : originellement dualiste, il devenait moniste et le resta durant toute la IIIème République. Et cela est si vrai que les Présidents de la République qui ont tenté de restaurer un rôle présidentiel actif se sont heurtés aux assemblées (le Président Millerand élu en 1920 dut démissionner en 1924, se heurtant à ses présidents du Conseil et aux assemblées).
La révision constitutionnelle du 14 août 1884 introduit dans la Loi constitutionnelle du 25 février 1875 une disposition selon laquelle « La forme républicaine du gouvernement ne peut faire l'objet d'une proposition de révision. Les membres des familles ayant régné sur la France sont inéligibles à la présidence de la République ». L'interdiction faite de modifier la forme républicaine du gouvernement est cependant fragile : il suffit de réviser cette révision. Elle limite également la notion de République : la République serait le simple contraire de la monarchie, régime constitutionnel se caractérisant par la dévolution héréditaire du pouvoir politique. En fait, la IIIème République née à la suite de la chute du Second Empire a gardé en mémoire l'élection puis le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte. L'interdiction faite de modifier la forme républicaine du gouvernement sera cependant reprise dans des constitutions postérieures, sans référence cette fois aux familles ayant régné sur la France : la notion de République peut alors d'entendre plus largement, et ainsi être synonyme de « principes républicains ».