Commentaire
« Le Président de la République est élu à la majorité absolue par le Sénat et par la Chambre des députés réunis en Assemblée Nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible. » Wallon proposa également un autre amendement, portant sur la dissolution de la Chambre des députés, qui fut lui aussi adopté et intégré dans la loi constitutionnelle du 25 février 1875 sur l’organisation des pouvoirs publics. Sur le plan constitutionnel, cet amendement qui a été voté à une voix de majorité en première lecture, et beaucoup plus largement en deuxième lecture, confirme le mouvement constitutionnel en faveur d'une république. Sur le plan politique, l'adoption de cet amendement confirme le mouvement de défection amorcé quelques temps plus tôt dans les rangs des légitimistes et des orléanistes et qui a abouti à des ralliements de l’ordre de 200 députés lors du vote ce 30 janvier 1875, tout en préservant l'avenir. C'est donc bien la République qui est ici consacrée.
Trois lois constitutionnelles, adoptées les 24 et 25 février et le 16 juillet 1875, 34 articles au total (dont seulement 25 encore applicables à la fin du régime en 1940), sans déclaration des droits ni préambule, la constitution de la IIIème République est une constitution technique, courte et sans caractère solennel. La constitution de la IIIème République ne ressemble en rien à celles qui l'ont précédée.
C'est vrai, la France étant composée d'un très grand nombre de petites communes, il s'agissait qu'elles puissent être représentées au Sénat. Et cette représentation en fait un élément stabilisateur, conservateur et modéré dans le régime de la IIIème République. Cependant, le Sénat est bien plus que cela : son existence résulte avant tout du compromis de 1875, à l'origine même de la IIIème République. En effet, les monarchistes ont conditionné leur ralliement aux futures lois constitutionnelles à la création d'une seconde chambre, le Sénat, considéré par eux comme élément stabilisateur et conservateur du régime. Le Sénat comprend en 1875 des sénateurs inamovibles et dispose d'attributions nombreuses, ce qui souligne le caractère égalitaire du bicamérisme. Par ailleurs, le président de la République ne peut prononcer la dissolution de la Chambre des députés avec l'avis conforme du Sénat.