Commentaire
Pour la première fois, l'exécutif est confié ni à un monarque ni à un empereur ni à une équipe restreinte plus ou moins collégiale, mais à un Président de la République. Celui-ci est élu au suffrage universel (masculin) direct. Son mandat est d'une durée de quatre ans mais il n'est pas directement rééligible. Il dispose à lui seul du pouvoir exécutif (à l'instar du régime présidentiel des Etats-Unis en vigueur depuis 1787-1789), sachant qu'il nomme et révoque ses ministres. Par ailleurs ses pouvoirs sont importants : notamment, il possède l'initiative des lois. Cette institution présidentielle préfigure le retour d'un empereur, ce qui sera chose faite suite au coup d'Etat de ce même louis Napoléon Bonaparte, alors président de la République, du 2 décembre 1851.
Comme en 1791, la Constitution de la Seconde République ne prévoit aucun mécanisme de résolution des conflits survenant entre le président de la République et les chambres. Et le risque de blocage est encore plus grand dans le cadre de la Seconde République dans la mesure où le président comme l'Assemblée (chambre unique) sont élus au suffrage universel (masculin) direct. En l'espèce, Louis Napoléon Bonaparte qui a été élu président en décembre 1848, se trouve dès le mois de mai 1849 face à une Assemblée élue composée majoritairement de partisans de l'ordre. Ainsi, ce régime ne prévoit nullement une séparation souple des pouvoirs, mais une séparation stricte.
Le Gouvernement provisoire s'installant à la suite de l'insurrection de février 1848 adopte un certain nombre de mesures libérales : instauration du suffrage universel masculin, abolition de la peine de mort pour raisons politiques, suppression de l'esclavage, création d'ateliers nationaux destinés à résorber le chômage. Quant à la Constitution qui est adoptée par référendum le 4 novembre 1848, elle prône la fraternité à côté de la liberté et de l'égalité, et consacre dans son chapitre 2 des droits plus collectifs (droit au travail, liberté de l'enseignement, droit d'association, etc.).