Commentaire
En rupture avec les principes proclamés dès 1789, et reprenant les idées de Jean-Jacques Rousseau, la Constitution de l'An I proclame le suffrage universel. Elle reconnaît ainsi la souveraineté du peuple, et non plus la souveraineté de la nation. Faisant siens les principes démocratiques qu'elle proclame, elle est adoptée par le peuple lui même en juillet-août 1793.Toutefois, ce texte n'a jamais été appliqué, son application ayant été suspendue pour cause de guerre intérieure et extérieure. Le suffrage universel sera à nouveau et effectivement adopté en 1848 (masculin) et en 1944 (féminin).
La séparation des pouvoirs est affirmée dans l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (« toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution »). Parmi les régimes politiques qui se sont succédés dans la période, il en est quelques uns qui ont cherché à la mettre en œuvre avec des modalités différentes (Constitution de 1791 et 1795, séparation rigide), d'autres ont opté pour d'autres modes d'organisation (gouvernement révolutionnaire de 1793-95, Constitution de 1795 et régimes napoléoniens : concentration du pouvoir).
Le régime mis en place à l'automne 1793 se proclame révolutionnaire, non parce qu'il vise à conforter la Révolution et ses principes nouveaux, mais parce qu'il est établi en dehors des règles constitutionnelles. Et cela afin de permettre au régime de surmonter les insurrections intérieures et les menaces de guerre avec l'extérieur. La Constitution du 24 juin 1793 est donc suspendue et le régime fonctionne selon des règles nouvelles, ce qui revient à instaurer une dictature de l'assemblée.
Dans la Constitution de l'An III (1795), les assemblées parlementaires sont bien le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens. Quant au directoire, il désigne non une troisième assemblée parlementaire, le Parlement de l'époque étant bicaméral, mais l'organe exécutif. Comme son nom le laisse supposer, il s'agit d'une formation collégiale, ce qui est la première fois depuis 1789. Cet exécutif est composé de cinq membres, les directeurs, nommés pour cinq ans et choisis par le Conseil des Anciens sur une liste de dix noms présentés par le Conseil des Cinq-Cents. Il n’existe pas de hiérarchie entre les cinq directeurs. Non révocables par les assemblées, ils ne sont pas non plus équivalents aux ministres qui sont, pour leur part, de simples collaborateurs.