Commentaire
En fait, le caractère absolutiste et le fondement religieux de la monarchie française d'avant 1789 sont deux notions distinctes et indépendantes l'une de l'autre. Toutefois dans les faits, le fondement de droit divin favorise l'absolutisme. En effet, la monarchie française est dite absolue parce que le monarque concentre tous les pouvoirs (législation, justice, etc.) dans ses mains, et ses pouvoirs se connaissent pas de limites. Au contraire, à la même époque, la monarchie anglaise a déjà fait sa mutation et est déjà une monarchie limitée, une monarchie constitutionnelle. Par ailleurs, la monarchie française est alors de droit divin, c'est à dire que le monarque détient son pouvoir de dieu. L'origine divine du pouvoir royal est symbolisée par le sacre du roi à Reims. Cela signifie également qu'il n'est responsable, dirait-on aujourd'hui, que devant dieu. La Révolution française mit fin à ces deux caractéristiques.
Sous l'Ancien Régime, il n'existe pas de constitution écrite (comme l'inventa ensuite la Révolution française) mais des règles coutumières, par ailleurs incomplètes. Ainsi elles s'imposent au monarque et portent essentiellement sur la dévolution du pouvoir, l'inaliénabilité du domaine de la Couronne et la nécessité pour le roi d'être catholique. Par application de ces lois fondamentales, Henri IV dut abandonner sa religion protestante et se convertir au catholicisme. Cependant, ces lois fondamentales sont plus "une constitution de la Couronne" qu'une "constitution de la nation", comme le seront les constitutions adoptées à partir de 1789.
Sous l'Ancien Régime, dans chaque province (Bourgogne, Normandie, Provence, etc.) il existait un parlement, juridiction supérieure et souveraine, le roi se réservant le pouvoir d'évoquer certaines affaires. Bien que ne disposant pas du pouvoir législatif, les parlements doivent s'assurer de la compatibilité des ordonnances, édits et déclarations du roi avec les lois, coutumes, et autres règlements existants. Il leur revient donc d'enregistrer les actes du roi (édits, ordonnances, lettres patentes) c’est-à-dire les transcrire sur le registre officiel afin qu'ils deviennent publics. Une fois enregistrées, les lois sont alors applicables et opposables aux tiers dans la province du parlement. C'est notamment grâce à ce rôle de chambre d'enregistrement que certains parlements ont cherché à acquérir un rôle politique et à s'affranchir de l'autorité du roi.
Les Etats Généraux sont convoqués par le roi, pour la première fois en 1302, par Philippe Le Bel. Ils ne peuvent se réunir à leur propre initiative. Et contrairement aux principes posés par la Révolution (et encore actuels), ils siègent séparément, par ordre (la noblesse, le clergé et le Tiers-Etat), chacun de ces 3 ordres disposant d'une voix, quel que soit le nombre de députés composant chacun d'eux. Ce n'est pas encore le principe « un représentant, une voix ». Les députés reçoivent un mandat impératif sous la forme de cahiers de doléances, ils ont un rôle consultatif et sont essentiellement réunis lorsque le monarque souhaite lever un impôt nouveau.