Commentaire
Dans « La Politique », Aristote distingue non pas deux, mais trois fonctions au sein de l’Etat : le pouvoir qui délibère, le pouvoir permettant à l’Etat d’agir ; le pouvoir qui juge. John Locke ou Montesquieu ont par la suite repris ce principe de partition du pouvoir en trois fonctions, mais proposent d’autres modalités d’aménagement de la séparation du pouvoir.
Initialement, la séparation des pouvoirs visait à garantir la liberté politique, c’est-à-dire à répartir le pouvoir entre plusieurs organes, en opposition avec l’absolutisme (ou monarchie absolue). C’est dans un deuxième temps que la séparation des pouvoirs a visé également à garantir les libertés individuelles. Notamment, pour sa part, Montesquieu écrit : « La liberté politique dans un citoyen est cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sûreté ; et pour qu’on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu’un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen. » (sixième chapitre du livre XI "De la constitution d’Angleterre" extrait de l’Ĺ“uvre de Montesquieu De l’esprit des lois). Ou encore, Hobbes, dans son ouvrage "Le Léviathan" (1651), considéraient que les hommes devaient abandonner une partie de leurs droits et libertés dans le contrat conclu avec le Léviathan, autorité dotée d’un pouvoir absolu et qui devait en contrepartie leur assurer la protection de leurs droits naturels.
La séparation des pouvoirs se définissant comme la répartition du pouvoir entre plusieurs organes, rien n’interdit l’existence d’un monarque. Mais alors, comme tous les autres organes, il sera limité dans ses pouvoirs. D’ailleurs, en Grande-Bretagne comme en France, la séparation des pouvoirs s’est développée dans un contexte monarchique. Et la première constitution adoptée après la révolution française et prônant la séparation des pouvoirs (Constitution du 3 septembre 1791) attribuait le pouvoir exécutif au roi. La séparation des pouvoirs s’oppose à la monarchie absolue, non à la monarchie elle même.