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Droit et culture cinématographique

Introduction

Le but de ce cours est d'offrir à un public de non spécialistes une première présentation du droit à partir d’une forme de discours non juridique : le cinéma. Les leçons portent sur des films qui, par leurs thématiques, leurs intrigues, les parcours et les relations entre leurs personnages, mettent en jeu des questions juridiques. Il s'agit de s'appuyer sur la puissance de vulgarisation et les ressorts pédagogiques du cinéma pour entrer dans l’univers juridique. Les leçons qui suivent résolument ancrées dans les études cinématographiques, ont donc non seulement pour ambition de puiser dans les films matière à éclairer la connaissance du droit et stimuler une réflexion sur ces connaissances, en les rendant sensibles à ce que le cinéma, en tant que médium et art singulier, peut montrer, révéler, expliciter, des enjeux juridiques mis mais entendent également contribuer à la formation des futurs juristes.
Les films étudiés ne sauraient pour autant être réduits à des documents supplémentaires proposés aux étudiantes et aux étudiants, que l'on se contenterait d'ajouter aux textes juridiques et aux exposés de doctrines déjà mis à leur disposition ou, comme on dit, soumis à leur étude ; pas plus qu'ils ne sauraient être réduits à des supports pédagogiques. Ces leçons entendent contribuer à la formation juridique des étudiantes et étudiants en droit tout en les rendant sensibles à ce que le cinéma, en tant que médium et art singulier, peut montrer, révéler, expliciter, des enjeux juridiques mis en scène dans les films.
De la scène judiciaire à l'écran, le passage est aisé, voire naturel, tant le procès est déjà de l'ordre de la représentation, et du spectacle. Les lois et leur application y sont mises en scène, dans un dispositif spectaculaire constitué d'une salle, d'une scène, d'orateurs en costume incarnant sinon un rôle, du moins une fonction, devant un public. À quoi s'ajoute la puissance dramatique des affaires jugées, en particulier les affaires criminelles, majoritairement représentées au cinéma.
Un premier ensemble comprend d’une part trois leçons consacrées à de grands films de procès et d’autre part trois leçons consacrées à l’articulation du juridique et du politique (sous la direction scientifique de José Moure). Un second ensemble constitué de six leçons et d'une conclusion générale est le fruit de réflexions croisées entre juristes et spécialistes de cinéma, de philosophie ou encore d'esthétique, qui ont croisé leurs approches (sous la codirection scientifique de Yann-Arzel Durelle-Marc, Cécile Gornet, Floriane Masséna et Benoît Rivière).
Ce cours s'inscrit dans le cadre du projet Egalidroit porté par l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et a été réalisé sous la direction de José Moure, Professeur en études cinématographiques à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.


Le but de ce cours est d'offrir à un public de non spécialistes une première présentation du droit à partir d’une forme de discours non juridique : le cinéma. Les leçons portent sur des films qui, par leurs thématiques, leurs intrigues, les parcours et les relations entre leurs personnages, mettent en jeu des questions juridiques. Il s'agit de s'appuyer sur la puissance de vulgarisation et les ressorts pédagogiques du cinéma pour entrer dans l’univers juridique. Les leçons qui suivent, résolument ancrées dans les études cinématographiques, ont donc non seulement pour ambition de puiser dans les films matière à éclairer la connaissance du droit et stimuler une réflexion sur ces connaissances, mais entendent également contribuer à la formation des futurs juristes.
Les films étudiés ne sauraient pour autant être réduits à des documents supplémentaires proposés aux étudiantes et aux étudiants, que l'on se contenterait d'ajouter aux textes juridiques et aux exposés de doctrines déjà mis à leur disposition ou, comme on dit, soumis à leur étude ; pas plus qu'ils ne sauraient être réduits à des supports pédagogiques.

Ce cours est constitué de deux ensembles de leçons.

Un premier ensemble comprend d’une part trois leçons consacrées à de grands films de procès et d’autre part trois leçons consacrées à l’articulation du juridique et du politique (sous la direction scientifique de José Moure).
  • Grands films de procès :
    • Leçon 1 : Gérard Bras (Professeur agrégé de Philosophie) montre comment la dramaturgie du procès structure celle de Young Mr. Lincoln (Vers sa Destinée, John Ford, 1939) et permet de faire réfléchir à ce qui distingue le droit de la vengeance.
    • Leçon 2 : Antoine Chollet (Maître d'enseignement et de recherche en pensée politique et histoire des idées politiques, Université de Lausanne) voit en Anatomy of a Murder (Autopsie d'un meurtre, Otto Preminger, 1959) un film pédagogique, qui montre la justice à l'œuvre et fait apparaître que la finalité d'un procès n'est pas tant la recherche de la vérité que le règlement d'un différend, selon des procédures précises.
    • Leçon 3 : Benoît Rivière (Docteur en études cinématographiques et chargé de cours, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Université de Rennes 2) analyse la manière dont certains films hollywoodiens, entre 1956 et 1962, révèlent le fonctionnement du monde judiciaire comme système, à travers des effets de distanciation qui accentuent, aux yeux des spectateurs, la différence entre le monde humain et le monde de la justice.
  • Articulation du juridique et du politique :
    • Leçon 4 : Cécile Gornet (Professeure de Philosophie, lycée Henri IV et docteure en études cinématographiques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) analyse la manière dont les westerns de John Ford reflètent, ou plutôt réfléchissent, le passage de la violence à la loi. Elle montre que le cinéaste reprend ainsi d’une manière singulière le geste par lequel, dès ses débuts, le cinéma américain a représenté la fondation du droit à travers le western, en s'emparant de l'enjeu juridique et politique de la constitution d'une communauté.
    • Leçon 5 : Pierre-Simon Gutman (Professeur en histoire du cinéma et en mise à scène, ESRA et Docteur en cinéma, Université Paris Diderot) se penche sur des films consacrés à des procès politiques, pour analyser la manière dont le cinéma met en scène la théâtralisation et la ritualisation des processus judiciaires.
    • Leçon 6 : Xavier Daverat (Professeur de Droit privé et sciences criminelles, Université de Bordeaux) aborde des questions juridiques – coup d'État, répression, ordre public, législation d'exception, libertés publiques, procédure pénale, ... - au prisme de l'idéologie fasciste telle qu'elle est mise en discours dans cinq films italiens de la période des « années de plomb ».

Un second ensemble constitué de six leçons et d'une conclusion générale est le fruit de réflexions croisées entre juristes et spécialistes de cinéma, de philosophie ou encore d'esthétique, qui ont croisé leurs approches (sous la codirection scientifique de Yann-Arzel Durelle-Marc, Maître de conférences en Histoire du droit et des institutions,Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Cécile Gornet, Professeure de Philosophie, lycée Henri IV et docteure en études cinématographiques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Floriane Masséna, Maître de conférences en Histoire du droit et des institutions, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Benoît Rivière, Docteur en études cinématographiques et chargé de cours, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Université de Rennes 2).
L’objet premier de ces leçons est d'éclairer l'inscription du droit dans le cinéma. Si nombre de films placent le droit au cœur de leur thématique, de leur intrigue, du parcours et des relations entre leurs personnages, il ne s'agissait pas simplement de décrire cette inscription ou cette présence d'enjeux juridiques dans les films, mais plutôt de se demander comment le cinéma représente ou réfléchit le monde juridique, et quels effets cela peut produire non seulement sur le public du film mais plus précisément sur les juristes eux-mêmes et le regard qu'ils portent sur leur propre discipline. Parce que les films ne sont pas faits par des juristes, parce qu'ils reflètent et en même temps contribuent à forger une certaine perception sociale du droit, ils révèlent la culture juridique qui imprègne une société et dont les écarts inévitables avec la réalité des règles de droit intéressent nécessairement les juristes : la manière dont le droit est perçu dit sans doute quelque chose de son adéquation ou non aux situations auxquelles il est censé s'appliquer.
  • Leçon 7 : Dorothée Reigner (Maître de conférences en Droit public, Sciences Po Lille), expose « Ce que le cinéma nous apprend de notre vision du Parlement ».
D’autres leçons permettent également de penser le droit comme cinéma, en insistant sur leur affinité originelle.
Filmer le droit n'est pas un acte anodin : loin de proposer la description servile des événements, le cinéma en livre une interprétation, voire en fait la critique. Ainsi, le droit est non seulement l'objet mais le sujet du cinéma, et les choix du réalisateur au tournage (ou même ceux faits au cours de l'écriture scénaristique ou du montage) reflètent une vision de la situation juridique qui apparaît à l'écran. Certaines contributions ont pu montrer comment le cinéma offre alors au juriste un nouveau moyen de penser le droit, et comment il permet, tout comme le procès, d'incarner le droit en donnant chair à des textes abstraits et de renouveler la manière de s'y intéresser, en montrant des situations explicitement juridiques, et surtout en faisant ressortir la dimension juridique d'événements qui semblent relever avant tout de l'affect.
  • Leçon 8 : Luc de Montvalon (Maître de conférences en Droit privé et sciences criminelles, Institut national universitaire Champollion), s’attache aux rapports entre « Travailleur et patron », pour « (re)penser les rapports de travail à travers le cinéma ».
  • Leçon 9 : Hélène Sirven (Maître de conférences en Sciences humaines appliquées à l'art et Esthétique, Université Paris I Panthéon-Sorbonne), analyse la manière dont Raymond Depardon, Jean Rouch, Raymond Verdier et Banimeleleng Nabede, produisent des images et des récits pour interroger la présence du droit et la notion de véracité dans le cinéma documentaire.
Enfin, filmer le droit, implique de se consacrer à un objet qui est déjà de l’ordre de la représentation et qui, d’une certaine manière, n’a pas attendu le cinéma pour être mis en scène, ce qui permet de comprendre pourquoi le procès est si prisé des scénaristes et réalisateurs, au point que le « film de procès » peut être considéré comme un genre cinématographique à part entière.
  • Leçon 10 : Rachel Guillas (Maître de conférences en Histoire du droit et des institutions, Université Panthéon-Assas) et Vincent Jacques (Maître de conférences en Philosophie, Université Paris Nanterre - ENSA Versailles) s’attachent à exposer les rapprochements possibles entre droit et cinéma, du point de vue de leurs dispositifs de représentation et de leurs procédés narratifs, en analysant Close Up, d’Abbas Kiarostami.
  • Leçon 11 : Gérard Bras (Professeur agrégé de Philosophie) se penche sur deux films de John Ford : Young Mr. Lincoln et Sergeant Rutledge. Il analyse les procédés cinématographiques par lesquels le cinéaste, en plaçant sa caméra non pas à l’intérieur du procès mais sur ses bords, montre la fabrique du récit judiciaire et les conditions de sa véridicité.
  • Leçon 12 : Nathalie Goedert (Maître de conférences HDR en Histoire du droit et des institutions, Université Paris Saclay) met la place et la fonction de l’image, de la représentation, au cœur de ses analyses, en étudiant étudie « l’image filmée dans le film de procès » comme une « mise en abyme ».
  • Leçon 13 : Claire Lovisi (Professeur émérite d'Histoire du droit et des institutions, Université Paris I Panthéon-Sorbonne), conclusions.
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