La première sécession de la Plèbe a lieu en 495 av. J.-C. Une nouvelle guerre contre les Volsques (peuple italique installé dans le sud du Latium) est imminente. Une grande partie des plébéiens est endettée, et les lois romaines sont particulièrement féroces contre les débiteurs : les créanciers, appartenant surtout à l'aristocratie sénatoriale et donc au patriciat, ont droit d'enchaîner, de vendre comme esclave ou encore de mettre à mort les débiteurs. Or l'armée romaine est composée de citoyens, majoritairement plébéiens. La plèbe refuse de se mobiliser et pour faire face à la menace des Volsques, les consuls doivent lui promettre de réformer la législation. Cependant, une fois les ennemis vaincus et l'armée démobilisée, les consuls n'honorent pas leur promesse. Les soldats, exaspérés, se retirent en armes sur le Mons Sacer (mont sacré). Devant cette sédition, les patriciens cèdent. La Plèbe obtient la création de la magistrature du Tribunat de la Plèbe, interdite aux patriciens, chargée de défendre son intérêt. Les tribuns de la plèbe sont inviolables. Ils peuvent s'opposer à n'importe quelle loi proposée par les autres magistrats : c'est l’
intercessio. Les tribuns de la plèbe gagnent du pouvoir petit à petit. Par la
Lex Publilia Voleronis, les plébéiens s’organisent par tribu, se rendant politiquement indépendants des patriciens.
Ensuite, ils réclament la mise par écrit des lois, par l'intermédiaire du projet de la
Lex Terentilia, autour duquel Rome se déchire pendant une décennie, jusqu'à ce qu'une commission extraordinaire, les décemvirs, soit établie pour rédiger des lois écrites. La loi des Douze Tables est rédigée en deux fois. Elle constitue le premier corpus de lois romaines écrites. Leur rédaction est l'acte fondateur du droit romain, des institutions de la République romaine et du
mos maiorum (le mode de vie et le système des valeurs ancestrales).
La contestation sociale connaît un nouvel épisode important avec les Gracques. Tiberius et Caius Gracchus vont tenter de mettre en place une réforme agraire. En effet, les grandes familles se sont constitué d'immenses domaines, les
latifundia, où sont installés des paysans non propriétaires, les colons, et de nombreux esclaves. Elles forment la
nobilitas, la noblesse qui accapare les magistratures et remplit le Sénat. À côté de cette noblesse foncière, apparaît une nouvelle classe d'hommes d'affaires qui s'enrichissent dans le commerce, la banque et le crédit. En ville, en revanche, le chômage s'accroît, la main-d’œuvre salariée est concurrencée par la masse des esclaves apportés par les conquêtes. Les réformes proposées par les Gracques visent à réduire l'étendue de terre pouvant être possédée par une même famille et à redistribuer aux pauvres les terres ainsi confisquées aux riches. Évidemment, les riches citoyens s'opposent à cette loi et les deux frères sont massacrés tour à tour et leurs réformes abandonnées.
Tiberius et Caius Gracchus, œuvre d'Eugène Guillaume, XIXe siècle. Source : domaine public.
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