Depuis les années 1960, nombre de juristes européens et anglo-américains se sont intéressés à la notion de lex mercatoria en relation avec le droit du commerce international à la suite de Berthold Goldman, mettant en lumière l’importance de normes d’origine professionnelle, puis de l’« Ecole de Dijon » avec Philippe Khan. La lex mercatoria est considérée comme indépendante et autonome au regard des droits nationaux. Il s’agit alors d’un ensemble de principes généraux et de coutumes apparus en relation avec le commerce international. Pour nombre d’auteurs, elle correspond à un ordre juridique cohérent, un « corps du droit », qui prend naissance aux XI
ème et XII
ème siècles dans le cadre de la communauté des marchands hors du champ des titulaires du pouvoir de faire la loi et qui répond aux besoins du commerce international. L’idée est apparue en 1964 que la période médiévale puisse être vue comme la matrice de la
Lex mercatoria lui conférant une «
légitimité glorieuse » (J. Bart).
Une seconde conception perçoit la lex mercatoria comme un corps de droit, présentant des origines transnationales, mais dont l’existence et la portée reposent sur les droits nationaux.
Enfin, une dernière approche critique la doctrine moderne de la lex mercatoria considérant l’impossibilité d’un droit sans l’intervention du législateur étatique. On a dénié qu’elle puisse constituer un ordre juridique (P. Lagarde).
La notion de lex mercatoria est une expression qui se rencontre dans le droit anglais au XIII
ème s. en relation avec des privilèges procéduraux. Cependant elle ne peut être véritablement envisagée comme un ordre juridique commercial matériel jusqu’au XVII
ème siècle (Gerard Malynes, Consuetudo Vel Lex Mercatoria, 1622 puis Blackstone et Lord Mansfield).
Quelques indications bibliographiques :
- J. Bart, « La lex mercatoria au Moyen Âge : mythe ou réalité ? », Souveraineté étatique et marchés internationaux à la fin du 20ème siècle. A propos de 30 ans de recherche du CREDIMI. Mélanges en l’honneur de Philippe Kahn, Travaux du Centre de recherche sur le droit des marchés et des investissements internationaux, vol. 20, Paris, 2000, p. 9-22.
- A. Cordes, « A la recherche d’une Lex mercatoria au Moyen Âge », La ville et le droit au Moyen Âge, P. Monnet et O. G. Oexle (édité par), Paris, 2003, p. 119-120.
- B. Goldman, « Frontières du droit et lex mercatoria », Archives de Philosophie du Droit, 1964, IX, p. 177-192 et « La lex mercatoria dans les contrats et l’arbitrage internationaux : réalité et perspectives », Journal de Droit International, 1979, p. 475 sq.
- Ph. Khan, « L’essor du non-droit dans les relations commerciales internationales et le contrat sans loi », L’hypothèse du non-droit, XXXème séminaire organisé à Liège les 21 et 22 octobre 1977, Liège, 1978, p. 231-266 et « La lex mercatoria : point de vue français après quarante ans de controverses », Revue de droit McGill, août 1992, vol. 37, n° 2, Règlement de différends internationaux, p. 413-427.
- P. Lagarde, « Approche critique de la lex mercatoria. Le droit des relations économiques internationales », Etudes offertes à Berthold Goldmann, Paris, 1987, p. 125 sq.
- E Loquin, « Où en est la lex mercatoria », Souveraineté étatique et marchés internationaux à la fin du 20ème siècle. A propos de 30 ans de recherche du CREDIMI. Mélanges en l’honneur de Philippe Kahn, Travaux du Centre de recherche sur le droit des marchés et des investissements internationaux, vol. 20, Paris, 2000, p. 51 sq.
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