Commentaire
L’objectif de Montesquieu est bien la liberté politique et donc la lutte contre l’absolutisme royal. A cette fin, il promeut la systématisation de la séparation des pouvoirs. Cependant, pour y parvenir, il ne propose pas d’attribuer une fonction à un organe. Il propose de faire en sorte que deux fonctions ne soient pas intégralement dans les mains d’une même institution. Ainsi une fonction (par exemple, faire la loi) peut être confiée à plusieurs organes (les chambres et le roi pour l’initiative, les chambres pour l’examen et le vote, le roi pour s’opposer ou pour la promulgation). Ou encore, un même organe peut exercer plusieurs fonctions, mais ni seul ni dans leur intégralité (par exemple, le parlement a des attributions en matière de législation et aussi en matière juridictionnelle pour juger les ministres).
La théorie de Montesquieu a donné lieu à des interprétations divergentes, l’une proposant une séparation « souple » des pouvoirs (ou « séparation collaboration » - cf. réponse 2-4), et l’autre dite « rigide » dans laquelle les organes doivent être séparés et spécialisés dans une fonction. C’est cette seconde interprétation qu’ont mis en œuvre les Pères de la Constitution des Etats-Unis, retenant une interprétation excessive de la pensée de Montesquieu qui affirmait pour sa part plutôt une collaboration des pouvoirs (« les puissances doivent aller de concert » - sixième chapitre du livre XI "De la constitution d’Angleterre" extrait de l’œuvre de Montesquieu De l’esprit des lois - 1748).