Informations

Titre de la leçon : Colloque « Filmer le droit, le droit filmé » : Caméras et écrans dans les prétoires : les nouveaux objets du rituel judiciaire

Auteur : Nathalie GOEDERT

Présentation de l'auteur : Maître de conférences en Histoire du droit et des institutions à l'Université Paris-Saclay et l'EMRJ-Université de Corse.

Date de révision : novembre 2022

Description

Il existe entre le cinéma et le procès un lien intime et contrarié, tendu entre ce qui les rapproche et ce qui les sépare irrémédiablement. Il se fait essentiellement dans ce que l’on appelle les films de prétoire, à savoir les films qui s’attachent à reconstituer précisément un procès, qu’il soit fictif ou réel, afin d’expliquer le fonctionnement de la justice et de sensibiliser le public à la complexité de l’acte de juger. Longtemps interdits de prétoire, les réalisateurs de fiction ont souvent joué, voire se sont joués, de cette forme de censure, inscrivant dans le cadre de leur fiction judiciaire, des écrans ou des caméras, des films dans le film. Sans doute était-ce un moyen astucieux, détourné autant qu’approprié, de reprendre une place qu’on leur refusait. Mais ils ont aussi, par ce procédé, interrogé l’exercice de la justice. Les réalisateurs nous livrent ainsi dans leurs films, une réflexion sur l’Image, son essence, les conditions de sa construction et de sa diffusion. Cette image peut être manquante – image interdite de l’audience – question étudiée notamment dans L’Hermine de C. Vincent (2015) et Bamako d’A. Sissako (2006) ; ou à l’inverse envahissante – celle qui s’invite désormais sous toutes ses formes à l’audience – comme dans La fille au bracelet de S. Demoustier (2019). Le cinéma relaye ainsi un débat de société dont la justice ne peut plus faire l’économie, celui de l’usage judiciaire des images.