Section 1. Synopsis d’Anatomy of a Murder
Extrait du film Anatomy of a Murder (Autopsie d’un meurtre) d'Otto Preminger (1959).
Le scénario d’Anatomy of a Murder est, en apparence, d’une grande simplicité.
Sy.Un avocat désœuvré, Paul Biegler (James Stewart), ancien procureur de l’État du Michigan, est tiré de ses loisirs – en l’occurrence la pêche – par le téléphone d’une femme, Laura Manion (Lee Remick) lui demandant de défendre son mari, Frederick Manion (Ben Gazzara), inculpé pour meurtre.
Celui-ci, lieutenant dans l’armée, a assassiné, apparemment de sang-froid, un patron de bar après avoir appris que ce dernier avait violé sa femme. Biegler accepte de le défendre et cherchera durant le procès à démontrer qu’il a au contraire agi sous le coup d’une folie temporaire, s’appuyant sur l’expertise psychiatrique d’un spécialiste.
L’argument convainc le jury, qui acquitte Manion.
Près des deux tiers de la durée du film sont occupés par le procès, morceau de bravoure que la cinquantaine de minutes qui le précède ne sert qu’à préparer.
Celui-ci, lieutenant dans l’armée, a assassiné, apparemment de sang-froid, un patron de bar après avoir appris que ce dernier avait violé sa femme. Biegler accepte de le défendre et cherchera durant le procès à démontrer qu’il a au contraire agi sous le coup d’une folie temporaire, s’appuyant sur l’expertise psychiatrique d’un spécialiste.
L’argument convainc le jury, qui acquitte Manion.
Près des deux tiers de la durée du film sont occupés par le procès, morceau de bravoure que la cinquantaine de minutes qui le précède ne sert qu’à préparer.
Les personnages de Frederick et Laura Manion sont délibérément présentés d’une manière qui leur est défavorable. Le premier apparaît « insolent et hostile », comme le dit Biegler lui-même, et se montre violent à plusieurs reprises et envers différentes personnes durant le film.
Le jeu d’actrice de Lee Remick insiste, de manière presque trop évidente parfois (et ça l’était sans doute encore davantage pour les spectateurs en 1959), sur la séduction qu’elle exerce à l’égard des hommes. Plusieurs scènes sont tout à fait explicites à cet égard, y compris un court échange avec le procureur lorsque celui-ci lui demande s’il lui arrive parfois de sortir sans sous-vêtements.
Rq.Preminger construit donc deux personnages qui deviennent, au fur et à mesure du film, de plus en plus antipathiques ou, pour être plus précis, qui rendent la culpabilité du lieutenant de plus en plus probable.
Seulement, comme on s'en apercevra également, le réalisateur joue avec les spectateurs sur ce plan, semblant accabler des personnages qui, au final, seront acquittés, faute de preuve convaincante.
Seulement, comme on s'en apercevra également, le réalisateur joue avec les spectateurs sur ce plan, semblant accabler des personnages qui, au final, seront acquittés, faute de preuve convaincante.
Anatomy of a Murder est l’adaptation d’un roman écrit par Robert Traver, pseudonyme de John D. Voelcker, qui, au moment du tournage, siégeait comme juge à la Cour suprême de l’État du Michigan et a participé à l’écriture du scénario (et a également, comme Otto Preminger le révèle dans la bande-annonce du film, prêté sa propre maison pour tourner les scènes se déroulant dans la résidence de Paul Biegler, qui lui sert également d’étude).
J. Voelcker n’est pas la seule figure judiciaire impliquée dans le tournage du film. Le rôle du juge a en effet été confié à Joseph N. Welch, qui occupe une place singulière dans l’histoire politique américaine pour avoir été interrogé par le sénateur McCarthy lors des auditions destinées à traquer les « communistes » dans l’administration américaine, en qualité d’avocat-conseil de l’armée.
Rq.C’est à cette occasion qu’il a prononcé une phrase restée fameuse, lors de l’audition du 9 juin 1954, retransmise à la télévision : « At long last, have you left no sense of decency ? » (que l’on pourrait traduire par « n’avez-vous donc aucune honte ? »). Cet échange a parfois été décrit comme un tournant dans les auditions menées par McCarthy, avant sa déchéance finale.
Anatomy of a Murder produit donc, pour les spectateurs américains qui voient le film à sa sortie (seulement cinq ans après la croisade de McCarthy), un effet de réalité tout à fait singulier, qui souligne l’intention constamment poursuivie par le scénario et le film de montrer le fonctionnement effectif de la justice américaine, comme nous allons le voir.