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Culture générale

L'égalité femme / homme

L’égalité femme / homme recouvre à la fois une égalité en droit et une égalité sociale. L’égalité en droit est issue d’une longue évolution au cours de laquelle les femmes ont peu à peu acquis les mêmes droits que les hommes. Cependant, malgré la reconnaissance de cette égalité, des inégalités subsistent entre homme et femme, liées aux stéréotypes dont sont victimes les femmes qui ont du mal à ne plus être limitées à leur rôle social de mère et d’épouse.




L’égalité femme/homme est une idée récente dans l’histoire des sociétés occidentales, une idée qui a encore du mal à s’imposer dans certains domaines ou dans certaines parties du monde. En raison d'un héritage historique pesant qui cantonne les femmes à la sphère privée, il est encore difficile aujourd'hui de faire concilier l'égalité en droit de tous les citoyens avec la réalité de la différence des sexes.

Section 1 : Une longue marche vers l’égalité


En Occident, le rôle social attribué aux hommes et aux femmes est fondamentalement différent, ainsi que leurs droits respectifs. Cette inégalité juridique et sociale perdure, avec quelques aménagements, jusqu'au XXème siècle et au-delà.


Sous l’Antiquité, dans les cités grecques et à Rome, berceaux de la civilisation occidentale, les sociétés qui se mettent en place sont des sociétés patriarcales, qui nient aux femmes la qualité pleine et entière de citoyennes.
Ex.La femme athénienne est une éternelle mineure sans droit juridique ni politique. Toute sa vie, elle doit rester sous l’autorité d'un tuteur : d’abord son père, puis son époux, voire son fils (si elle est veuve) ou son plus proche parent mâle. L’existence de la femme n’a de sens que par le mariage, acte privé, qui permet à la femme d’accomplir son rôle : donner naissance à des fils légitimes, des citoyens, qui hériteront du patrimoine familial. Les femmes de bonne famille ont pour principal rôle de tenir leur maison et sont confinées au gynécée, littéralement la « pièce des femmes », entourées de leurs servantes. Elles ne se risquent hors du domaine familial que pour accomplir des fonctions religieuses. En revanche, les femmes du peuple apportent au ménage un complément de ressources en vendant leur surproduction agricole ou artisanale. Malgré tout, à l’époque hellénistique, de grandes figures de femme, reines en titre, émergent dans un mode dominé par les hommes (les Bérénice, les Arsinoé, les Cléopâtre).
À Rome la situation des femmes est plus contrastée : si elles sont toute leur vie sous la domination du pater familias (père, époux, frère) et destinées à être épouse et mère, elles jouissent de certains droits qui ne sont pas accordés aux femmes dans les autres civilisations contemporaines (le droit de témoigner devant un tribunal, le droit d’hériter, le droit à un éloge funèbre).

Au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, les femmes sont cantonnées à un rôle domestique à quelques exceptions : les femmes commerçantes, à partir du XIIème siècle, qui peuvent s’engager juridiquement et qui sont donc elles-mêmes responsables de leurs propres dettes (et non leur époux) ; les nobles qui agissent et régissent leur domaine au nom de leur époux ou fils en période de guerre ou de croisade, les nobles qui sont à la tête de principautés territoriales en leur nom propre (Aliénor d’Aquitaine ou Anne de Bretagne par exemple). En France, il n’y a pas de souveraine en titre, les Lois Fondamentales du Royaume excluent les femmes de la succession à la couronne de France depuis 1316 ainsi que leurs descendants depuis 1328. Cette exclusion ne sera jamais remise en cause. En revanche, dans certains pays européens comme l’Angleterre ou l’Espagne, il y a eu des souveraines en titre (Isabelle de Castille, Élisabeth Tudor ou plus récemment Élisabeth II par exemple) qui ont régné personnellement de manière effective.

Ex.La légende du concile de Mâcon de 585 illustre bien cette idée de l’infériorité de la femme par rapport à l’homme. Selon une légende vivace, des évêques auraient discuté de l'existence de l'âme des femmes lors d'un concile et n’aurait reconnu son existence qu’à une voix de majorité. Cette discussion n’a jamais eu lieu, les femmes étant, comme les hommes, baptisées, l’existence de leur âme n’a donc jamais été questionnée. En réalité, cette légende puise son origine dans une controverse linguistique restituée par Grégoire de Tours. Il raconte qu’un évêque affirmait que les femmes ne pouvaient être appelées homme (homo). Les autres évêques invoquèrent la Genèse « Dieu créa l’homme mâle et femelle, appelant du même nom, homo, la femme et l’homme » pour clore le débat. Le concile de Mâcon tomba dans l’oubli jusqu’à la Terreur, où le conventionnel Charlier, demanda si l’on était encore au temps où on décrétait, « comme dans un ancien concile, que les femmes ne faisaient pas partie du genre humain ». Le 22 mars 1848, une citoyenne Bourgeois, à la tête d’une délégation du Comité des « Droits de la femme », altéra ces propos en remettant au gouvernement provisoire une pétition tendant à obtenir le droit de vote pour les femmes et commençant par ces mots : « Messieurs, autrefois, un concile s’assembla pour décider cette grande question : savoir si la femme a une âme… ». C’est de là que s’est forgée la légende du concile de Mâcon.

Pendant des siècles, le statut social et juridique des femmes reste inférieur y compris (et surtout) au sein de la famille. Si le principe de l'échange des consentements repose sur l'égalité des époux, une fois mariée, la femme passe et demeure sous l'autorité de son mari. Quel que soit le régime matrimonial, c'est le mari qui dispose des biens du ménage, de ses biens propres, et qui administre les biens propres de sa femme, comme les biens dotaux (qu'il ne peut cependant pas dilapider). En pays catholique, le mariage, acte religieux, est indissoluble ; le divorce est donc impossible. En matière successorale, filles et garçons ne bénéficient pas des mêmes droits. Les garçons priment sur les filles, et ces dernières peuvent mêmes être exclues de la succession si elles ont été dotées à l'occasion de leur mariage : c’est l’exclusion des filles dotées qui permet de réserver aux seuls garçons l’héritage de leurs parents.

Rq.Hors de la famille, à mesure que le travail se modernise, les professions féminines se développent et se diversifient (ouvrières, comédiennes, peintres, demoiselles de magasin) au côté des professions traditionnelles de paysannes, domestiques, couturières, ce qui donne aux femmes une place certaine, bien qu’inférieure, dans la société.

Les femmes attendent beaucoup de la Révolution et expriment leurs revendications par le biais de pétitions, adresses et cahiers de doléances. Leurs revendications portent sur des problèmes auxquels elles sont traditionnellement confrontées : absence d'instruction, mortalité en couches, droit d'exercer un métier, protection des travaux féminins (couturière, brodeuse…).
Ex.À la Révolution, si les privilèges sont abolis et si l’égalité est affirmée, un privilège demeure, celui conféré au sexe masculin de représenter le genre humain dans sa totalité. Pourtant, des voix s’étaient élevées pour réclamer l’égalité, comme celle de François Poulain de la Barre qui écrit en 1673 dans De l'égalité des deux sexes : « Nous sommes remplis de préjugés. […] De tous les préjugés, on n'en a point remarqué de plus propre que celui qu'on a communément sur l'inégalité des deux sexes » ou encore celle de Condorcet qui proclame en 1787 : « Je crois que la loi ne devrait exclure les femmes d'aucune place. [...] Songez qu'il s'agit des droits de la moitié du genre humain ».

La Révolution a donné aux femmes l’espoir d’un changement, elles ont d’ailleurs participé activement à ce mouvement (elles composent l’essentiel du cortège le 5 octobre 1789 qui marque un tournant dans la révolution en obligeant la famille royale à demeurer à Paris). Des avancées certaines ont lieu : les femmes acquièrent une personnalité civile. Avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, elles s’émancipent et la Constituante décrète l’égalité des droits aux successions et abolit le privilège de masculinité. La Constitution de 1791 définit de façon identique pour les hommes et les femmes l'accession à la majorité civile. La Révolution délivre les jeunes filles de la tutelle paternelle : celles-ci sont désormais libres de se marier ou non, et d'épouser qui elles veulent. Les grandes lois de septembre 1792 sur l'état civil et le divorce traitent à égalité les deux époux. La femme mariée est délivrée de la tutelle maritale. La loi dispose par ailleurs que le mariage se dissout par le divorce, y compris pour simple incompatibilité d'humeur ou par consentement mutuel. Pourtant, on est encore loin de l’égalité car si la femme a le droit d'accomplir certains actes juridiques, le mari garde la suprématie dans l'administration des biens. Enfin et surtout, les femmes sont exclues des droits politiques. Les revendications touchant aux droits politiques sont rares car peu nombreuses sont celles qui ont conscience de leur importance. Seules quelques militantes, telles que Olympe de Gouges qui rédige la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne (et qui sera guillotinée pour avoir réclamé le droit de monter à la tribune), ou encore la Société Patriotique et de Bienfaisance des Amis de la Vérité, se préoccupent, en vain, des droits politiques pour les femmes. Les salons, espaces à la fois privé et public, tenus par les femmes des milieux dirigeants, tels ceux de Mme Roland et de Mme de Condorcet, ont également joué un rôle important sous la Révolution. En Angleterre, Mary Wollstonecraft publie en 1792 A Vindication of the Rights of Woman , un des premiers ouvrages de philosophie féministe. Elle y critique le manque d’éducation des femmes et le mariage en tant qu’institution patriarcale.

Le Code Civil revient sur certaines avancées révolutionnaires. Il assimile les femmes aux mineurs et si le mari doit protection à sa femme, celle-ci doit obéissance à son époux. Et bien sûr, les femmes ne bénéficient toujours pas de droits politiques.

Au XIXème siècle, la situation des femmes s’améliore peu à peu et leur condition sociale et juridique commence à rattraper celle des hommes. De grandes figures féminines, telles George Sand, émergent et revendiquent l’émancipation de la condition féminine.
Ex.En matière d’éducation, la loi Falloux de 1850 impose la création d’écoles pour filles dans les communes de plus de 800 habitants et en 1881, Camille Sée, ami de Jules Ferry, fait passer une loi qui ouvre aux filles l'accès à un enseignement secondaire public. Jusque-là, les jeunes Françaises qui désiraient prolonger leurs études n'avaient d'autre solution que les établissements confessionnels ou les « cours secondaires » créés à leur intention en 1867 par Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique de Napoléon III (en 1861, alors que les jeunes filles n'ont toujours pas accès à un enseignement secondaire qui préparerait au baccalauréat, Julie Daubié est la première femme à décrocher son baccalauréat. Elle l'obtient en candidat libre à l'âge de 37 ans). Dans les lycées publics qui leur sont ouverts, les cours de religion sont remplacés par des cours de morale. L'Église n'a plus le monopole de la formation des filles. Se met alors en place une éducation différenciée jusqu’au développement de la mixité scolaire dans les années 1960 (les programmes scolaires deviennent uniformes en 1924, date de la création d’un baccalauréat unique) et jusqu’à l’obligation de la mixité en 1976 dans les établissements publics. Cette évolution ne s’est pas faite sans résistance, ainsi, lors de la soutenance de thèse en droit de Jeanne Chauvin en 1892 (elle est la première Française à soutenir son doctorat en droit et sera la première femme à plaider comme avocate en 1901), des étudiants envahissent la salle, chantent La Marseillaise et déclenchent un vacarme tel qu'il faut ajourner la soutenance.
En matière politique, les mouvements féministes se développent comme la société « le droit des femmes », crée en 1876 par Hubertine Auclert qui revendique le droit de vote pour les femmes. Considérée comme la première suffragette française, elle pense que le droit de vote, les droits politiques sont le préalable nécessaire à toute évolution pour les femmes. En 1878, le Congrès international du droit des femmes est fondé, avec Victor Hugo comme président d’honneur. En 1888 est fondé le Conseil International de la Femme (CIF). Les féministes américaines incitent alors les Françaises à se fédérer. En 1901, la branche française du CIF est créée, le CNFF (Conseil National des Femmes Françaises). C’est principalement en Angleterre que les suffragettes seront le plus virulentes, bafouant les règles de la bienséance, avec succès, puisqu’elles obtiennent le droit de vote en 1918.
Manifestations des suffragettes le dimanche 21 juin 1908 à Hyde Park, à Londres. Source : https://www.herodote.net


Les états généraux du féminisme se tiennent en 1929. À l'ordre du jour : la réunion de toutes les activités féminines en vue des réformes souhaitées, parmi lesquelles la suppression de l'incapacité civile de la femme mariée, et les droits civiques. A court terme, le principal succès des états généraux est d'ordre symbolique : la presse rend abondamment compte de l'événement, et les actualités filment les participantes faisant preuve de leur sérieux. Il n’y a donc pas eu d’avancées réelles, mais le mouvement féministe devient un mouvement reconnu.
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Un exemple simple permet une illustration claire de cette différence de statut entre homme et femme, différence qui traverse les âges, celui de l’adultère.
  • En effet, à Athènes, une stricte fidélité est requise de la part de l'épouse. Le mari surprenant sa femme en flagrant délit d'adultère est ainsi en droit de tuer le séducteur sur-le-champ. La femme adultère, elle, peut être répudiée. Selon certains auteurs, l'époux bafoué serait même dans l'obligation de le faire sous peine de perdre ses droits civiques. En revanche, l'époux n'est pas soumis à ce type de restriction : il peut recourir aux services d'une hétaïre ou introduire dans le foyer conjugal une concubine.
  • À Rome, à l’époque classique, le mari peut répudier l’épouse adultère après convocation du conseil de famille : c’est une affaire privée. Cependant, avec l'avènement de l'Empire, des lois comme la loi Julia font de l’adultère une affaire publique sanctionnée par la loi. Dans l'optique laïque (et donc dans la législation civile), c'est l'infidélité de la femme mariée qui seule compte : elle est jugée comme une menace pour l'équilibre de la famille, par l'intrusion possible d'enfants étrangers au sang de l'époux. Cette conception était celle du droit romain, qui ne réprimait généralement que l'adultère de la femme, et du droit germanique, selon lequel le mari infidèle n'encourait aucune peine, sauf la perte de quelques avantages pécuniaires.
  • Dans les tribunaux civils du Moyen Âge, c'est uniquement l'infidélité féminine qui est réprimée. Et si le mari avait tué l'amant ou l'épouse infidèle, surpris en flagrant délit, son crime était excusable. Dans le Midi de la France, une peine spécifique, plus égalitaire, est appliquée aux amants pris sur le fait, la course. Les deux fautifs sont condamnés à courir, nus, à travers la ville, sous les quolibets et les coups du public. La punition de l'adultère va toutefois en s'adoucissant au fil du temps : l'amende se substitue de plus en plus souvent à cette peine infamante.
  • Au XVIème siècle s'impose la peine de « l'authentique », fondée sur les lois romaines réinterprétées par les juristes royaux. Le code Justinien punissait l'adultère de la réclusion à perpétuité, sauf si l'époux consentait à reprendre sa femme.
  • Sous l'Ancien Régime, l'épouse convaincue d'adultère par son mari est « authentiquée », c'est-à-dire qu'elle risque la réclusion à vie dans un monastère et la privation de sa dot. Seul son mari peut l'accuser et, éventuellement, lui pardonner en reprenant la vie commune. Pour les maris infidèles, aucune sanction n'est prévue.
  • Avec le Code Napoléonien, la femme adultère est passible d'un emprisonnement de 3 mois à 2 ans alors que l’homme est passible d'une simple amende, et seulement s'il entretient sa concubine au domicile conjugal.

Sy.Après des siècles d’inégalité, en droit et en fait, il faut attendre la fin du XIXème et surtout le XXème siècle pour qu’une égalité, en droit, se mette en place laborieusement.

Section 2 : Une égalité en droit qui s’impose lentement en fait


Le XXème siècle fut dans l’ensemble des pays développés et particulièrement en France, porteur de transformations sociales et juridiques majeures pour les femmes (avortement, contraception, vote, parité, scolarisation….). Dès 1904, en France, une cinquantaine de thèses de droit s’étaient saisies du statut juridique des femmes.
En revanche, dans d’autres pays, l’emprise et le retour en force des religions et du traditionalisme cantonne la femme dans un rôle mineur, mère et épouse, bien loin de l’égalité juridique.



Au fil du XXème siècle, l'égalité entre les femmes et les hommes est admise en droit.

Cette égalité se développe dans le domaine du travail. A la fin du XIXème siècle, c’est encore l’époux qui administre le salaire de l’épouse. Puis, en 1907, une loi d’origine parlementaire reconnaît aux femmes mariées la libre disposition de leur salaire.

Rq.La Première Guerre Mondiale démontre que les femmes sont indispensables au bon fonctionnement de l'économie et de la société : agricultrices, receveuses des postes, ouvrières dans les usines d'armement, conductrices de tramways, infirmières… travaillent 13 heures par jour, même les dimanches, pour des salaires inférieurs à ceux des hommes. Cependant, malgré l'évidence de la capacité des femmes à travailler, dès la fin de la guerre, deux jours après la signature de l'armistice, il leur est demandé de quitter leurs postes pour céder la place aux hommes pas encore revenus du front. En effet, le travail des femmes est encore perçu comme un travail d’appoint, un pis-aller en raison de l'absence des hommes mobilisés. Ce n’est pas un droit, tout au plus une concession. Les périodes de crise économique sont celles où l’offensive contre le travail féminin est la plus forte, notamment envers les femmes mariées et les mères de famille qui doivent s'effacer devant les hommes.

A la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, un droit du travail spécifique et protecteur se développe : de nombreuses lois votées au nom de la spécificité biologique et du rôle social des femmes se mettent en place. En 1874, l’interdiction du travail des femmes dans les mines et les carrières (toujours en vigueur) est adoptée, puis, en 1892, la journée de 11 heures et le repos hebdomadaire sont instaurés. L'interdiction du travail de nuit des femmes est renforcée en 1911, elle sera assouplie en 1992.
Rq.Puis, peu à peu, une certaine égalité commence à se dessiner avec les institutrices qui obtiennent, en 1920, le même salaire que les hommes. En 1972, la loi rend obligatoire l’égalité de rémunération pour les femmes et les hommes, pour le même travail. L’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes est introduite dans le Code du travail par la loi du 13 juillet 1983 dite « loi Roudy ». Cette loi réaffirme le principe de l’égalité dans tout le champ professionnel (recrutement, rémunération, promotion ou formation). La loi complète l’égalité de traitement par la notion d’égalité des chances. Cette dernière notion implique que des actions spécifiques soient engagées envers les femmes pour garantir une égalité réelle. Ces actions "positives" reposent sur des pratiques discriminatoires en faveur des femmes. Ainsi la loi Roudy prévoit la possibilité que des mesures ponctuelles soient prises “au seul bénéfice des femmes visant à établir l’égalité des chances entre hommes et femmes, en particulier en remédiant aux inégalités de fait qui affectent les chances des femmes”.

L’égalité se développe également au sein de la famille. En 1965, a lieu la réforme du régime matrimonial de 1804 : la femme peut gérer ses biens, ouvrir un compte en banque, exercer une profession sans l'autorisation de son mari. En 1970, la mère devient l’égale du père en matière d’autorité parentale. En 1975, grâce à la loi sur le divorce, la femme n’est plus obligée de vivre au domicile de son mari. Enfin, l’égalité des époux est finalement reconnue en 1984. En 2002 a lieu la création du congé de paternité, la loi reconnaît l’autorité parentale conjointe, la garde alternée ainsi que la coparentalité. Désormais, l’enfant peut porter le nom de ses deux parents. En 2006, la notion de respect apparaît dans les obligations du mariage ; l’âge légal du mariage s’aligne pour les garçons et les filles à 18 ans et une nouvelle loi relative à l'égalité salariale entre les femmes et les hommes est adoptée.
Le droit de la femme à disposer de son corps et à avoir le choix de procréer ou non apparaît. L’usage de la contraception se répand ; le mouvement du planning familial est créé en 1965. En 1967, la loi Neuwirth reconnaît le bien-fondé de la régulation des naissances (même si elle institue un contrôle rigoureux de la vente des contraceptifs). Dans le sillage de mai 1968, le Mouvement pour la Libération des Femmes (MLF) apparaît, revendiquant le droit à l’avortement.
Source : https://www.francetvinfo.fr


En novembre 1974, Simone Veil parvient à faire voter la loi qui légalise l’avortement. Grâce à ces avancées, les femmes s’émancipent de leur destin de reproductrice et acquièrent le contrôle de leur fécondité.
Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale lors de la présentation de son projet de loi relatif à l'IVG le 26 novembre 1974. Source : https://www.ina.fr


En mars 2024, dans un contexte international de remise cause de l’IVG, notamment aux États-Unis, une loi constitutionnelle inscrit dans la Constitution de 1958 la liberté des femmes de recourir à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). La France devient ainsi le premier pays à inscrire l’IVG dans sa constitution.

Enfin l’égalité atteint la sphère politique puisque en France, le droit de vote et d’éligibilité sont accordés aux femmes en 1944. En 2000, une loi tend à favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives. En 2008, cette égalité d’accès est inscrite dans la Constitution, ainsi que l’égal accès aux responsabilités professionnelles et sociales.

Cette égalité entre hommes et femmes est reconnue par le préambule de la Constitution de 1946 qui pose le principe de l’égalité des droits entre hommes et femmes dans tous les domaines.
L’égalité entre femmes et hommes dépasse les frontières nationales grâce au rôle de l’ONU. En effet, dans la Charte des Nations Unies, l’égalité des sexes figure parmi les principes auxquels les nations s’engagent à adhérer ; un organe, la Commission de la condition des femmes, est mis en place pour y veiller.

Malgré tous ces progrès réels, malgré une égalité en droit construite pas à pas au fil des années et constamment réaffirmée, des dysfonctionnements demeurent en pratique. La traduction de cette égalité légale a du mal à se développer dans certains domaines. Encore en 2014, une nouvelle loi pour l’égalité réelle entre femme et homme est adoptée, ce qui démontre la persistance de différences et les difficultés pour y remédier.

En matière de salaire et de carrière, des inégalités subsistent. Les lois sur l’égalité professionnelle ne parviennent pas à agir sur les facteurs principaux d’inégalité au travail. Ces facteurs sont principalement la concentration des femmes dans des emplois peu qualifiés, le temps partiel, et les questions d’insertion et de réinsertion moins favorables pour les femmes que pour les hommes. Ceci débouche sur des inégalités de salaires que la France ne parvient pas à supprimer. À travail et qualifications égaux, le salaire horaire des femmes demeure de 10 % inférieur à celui des hommes. Cependant, le principal problème résulte dans le fait que les femmes n’exercent pas le même métier et n’ont pas la même durée de travail que les hommes. Du coup, le salaire des femmes est en moyenne inférieur de 20 % à celui des hommes, même si l’écart tend à se réduire. En effet, les femmes sont les principales concernées en matière de temps partiel (souhaité ou subi) et en matière de bas salaires (80 % des salariés à bas salaire sont des femmes). Cette sur-représentation des femmes dans les emplois peu stables et peu qualifiés s'explique en partie par la volonté d'un grand nombre de femmes de trouver un emploi proche de chez elles et dont les horaires coïncident avec ceux de l'école de leurs enfants. Inversement, de manière générale, ces préoccupations sont moins prégnantes chez les hommes qui réussissent à occuper des emplois plus stables, avec des perspectives de carrières plus intéressantes, y compris loin de leur domicile et à des horaires décalés. De plus, le développement des politiques salariales autour de la flexibilité et de l'individualisation des rémunérations a contribué à accentuer l’écart de salaire entre femme et homme.
Les postes à responsabilités, nécessitant souvent mobilité et présentiel importants, désavantagent encore les femmes dans leur carrière. Il s’agit du plafond de verre. Cette expression désigne le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux supérieurs ne sont pas accessibles à certaines catégories de personnes, en l’occurrence aux femmes qui ne parviennent pas, de manière générale, à accéder aux plus hauts postes au sein des entreprises ou des administrations. L'idée reste ancrée que les femmes, préoccupées par la charge de leur famille, sont moins disponibles et moins efficaces pour une entreprise, tandis que les hommes apparaissent plus détachés des réalités quotidiennes. Ainsi, plus on s’élève dans la hiérarchie d'une entreprise ou d'une administration, plus le nombre de femmes est faible et plus l'écart de salaire entre homme et femme est important.

Rq.Il faut néanmoins nuancer ce tableau un peu sombre. Les femmes pénètrent plus facilement des professions qui leur étaient fermées il y a quelques années et elles occupent de plus en plus des postes à responsabilités.
Les politiques publiques familiales et d’emploi sont aussi des facteurs d’inégalité telle que l’allocation parentale d’éducation qui, certes, favorise une meilleure articulation de la vie familiale et professionnelle, mais qui incite les femmes ayant des enfants en bas âge à se retirer du marché du travail, créant ainsi une inégalité de trajectoire professionnelle. Cette situation est d’ailleurs une des raisons expliquant l’inégalité salariale entre hommes et femmes, les carrières féminines étant souvent discontinues.

Le sur-chômage féminin demeure incrusté dans le marché du travail surtout si aux chômeuses officielles on ajoute les femmes au foyer qui ne font pas toujours le choix de ne pas travailler et qui subissent l'inactivité.

Plus généralement, la société française a du mal à se défaire de certains stéréotypes, notamment liés aux femmes. Les femmes sont encore vues avant tout comme des mères dont les préoccupations tournent autour de la famille. Ce stéréotype est à l’origine de la discrimination à l'embauche ou à la promotion qui touche les femmes. Une femme, qui tombera peut-être enceinte, qui prendra des jours de congés pour s'occuper de ses enfants, sera moins présente pour l'entreprise ; du coup, à compétences égales, surtout pour les emplois à responsabilités c'est un homme qui sera embauché ou promu. De plus, consciemment ou non, certaines professions restent considérées comme typiquement féminines (caissières, secrétaires, sages-femmes....) et d'autres typiquement masculines (dans le BTP par exemple).

Rq.En 2020, la crise sanitaire du Covid-19 a été un révélateur de la persistance des inégalités professionnelles. Ainsi, l'édition des chiffres clés 2021 « Vers l'égalité réelle entre les femmes et les hommes » met en avant la forte féminisation des métiers qui ont été en première ligne durant la crise sanitaire (personnel infirmier : 86,6 % ; professeurs des écoles, instituteurs et assimilés : 66,2 % ; professions intermédiaires de la santé et du médical : 77,7 % ; agents d'entretien : 70 %).
Pendant le premier confinement, 21 % des mères ont cessé de travailler pour s'occuper des enfants (contre 12 % des pères). Dans le même temps, 70 % des femmes déclaraient superviser quotidiennement le travail scolaire de leur enfant, contre 32 % des hommes.

Des solutions sont pourtant mises en œuvre pour faire de l'égalité en droit une égalité réelle.

Des incitations à la parité en politique, dans les instances publiques, sont mises en place depuis l’an 2000. Mais, si des effets positifs ont été constatés (une plus grande visibilité des femmes en politique) cela n’a pas permis une féminisation importante du parlement qui demeure majoritairement composés d’hommes dont le comportement envers les femmes n’est pas toujours exemplaire (c’est ainsi que Cécile Dufflot, alors ministre, a été sifflée dans l’hémicycle car elle portait une robe).
Cécile Duflot, le 17 juillet 2012, ministre du Logement et de l’Egalité des territoires du Gouvernement Ayrault I et II, se fait siffler par les députés de l'opposition à l'Assemblée nationale lors de la traditionnelle séance des questions au gouvernement. Source : https://www.ladepeche.fr


Ou encore que la France n’a connu que deux femmes premier ministre (Édith Cresson en 1991 et Élisabeth Borne en 2022), une seule présidente d’assemblée (Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée Nationale depuis 2022) et jamais de femme Présidente de la République.
De gauche à droite : Edith Cresson, Elizabeth Borne et Yaël Braun-Pivet. Sources : https://www.info.gouv.fr, https://presidence.assemblee-nationale.fr.


Rq.La discrimination positive pourrait permettre une féminisation de certaines professions ou postes encore peu accessibles aux femmes, mais il faudrait l‘articuler avec le mérite et le talent. Cela permettait de faire disparaître le plafond de verre.
Il faudrait peut-être une organisation du travail plus souple pour permettre aux femmes d’articuler vie professionnelle et vie familiale sans que cela nuise à leur carrière professionnelle. On pourrait envisager de réduire l’importance du présentiel et développer davantage le travail numérique, pour permettre notamment aux mères de famille d'accéder aux postes à responsabilités.

L’égalité reste néanmoins à parfaire, ce qui ne peut passer que par un changement des mentalités chez les hommes comme chez les femmes. Ce changement des mentalités est nécessaire pour parvenir à l’effectivité de l’égalité des sexes.
En effet, si les filles sont scolairement plus performantes que les garçons, elles se dirigent pourtant vers des filières à moindre rentabilité professionnelle. De plus, elles délaissent les formations scientifiques. Ainsi, une baisse de 28 % des élèves filles au profil scientifique en terminale est observée entre 2019 et 2021, alors que la proportion de filles (56 % des élèves de terminale) est restée stable. Cette réticence des filles pour les sciences commencent très tôt puisque en 2024, une étude de la Chaire Femmes et Science de l'Université Paris Dauphine montre que les filles décrochent en mathématique dès le CP par rapport aux garçons.
Une augmentation du rôle du père dans la famille doit être mise en œuvre : leur participation aux activités parentales reste limitée malgré les « nouveaux pères » et l’ouverture des prestations familiales aux pères. Les pères au foyer représentent seulement 2 % des bénéficiaires de l’APE ; généralement, ils ont des salaires inférieurs à ceux de leur partenaire, ce qui explique en partie leur choix de rester s'occuper des enfants tandis que leur épouse conserve son emploi. La création d’un congé de paternité en 2002 a spécifiquement pour but d’impliquer les pères dans les activités parentales, mais les résultats concrets en matière d'égalité salariale se font attendre.
Pour changer les mentalités, des mesures symboliques (et parfois décriées d’ailleurs) telle qu’une féminisation des mots, des professions, des noms, la suppression de l’appellation « mademoiselle » dans l’administration ont été mises en place.
Alors que l’égalité semble acquise, ou peu s’en faut, les mouvements féminismes sont toujours actifs. Après leur succès dans les domaines du planning familial, aujourd’hui certains se radicalisent, à l’exemple des Femen dont les moyens d’actions sont discutés et discutables mais dont l’impact médiatique est certain.
Depuis quelques années, surtout depuis le mouvement me too connu depuis 2017 et l’affaire Weinstein, il y a une libéralisation de la parole des femmes dénonçant des violences sexistes et sexuelles. Le mouvement a attiré l’attention des victimes sur la dénonciation de nombreux comportements inappropriés, minimisés, ignorés voire acceptés en raison de leur normalisation par la société patriarcale. Il a ainsi mis en lumière de nombreuses affaires notamment dans le domaine du cinéma et du sport. Ces prises de paroles ont donné lieu à l’instauration de nombreux dispositifs tels que les premières Assises internationales de lutte contre les violences sexuelles dans le sport, organisées en 2023 par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF).



Depuis 2017, l’égalité entre les femmes et les hommes est déclarée Grande Cause du quinquennat, Le principe de cette grande cause a été renouvelé par le président de la République en 2022 pour son second quinquennat. Ainsi un Plan interministériel pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 (toutes et tous égaux) a été mis en place et se structure en 4 axes : la lutte contre les violences faites aux femmes ; la santé des femmes ; l'égalité professionnelle et économique ; la culture de l'égalité avec notamment une diffusion de la culture de l’égalité à l’école.
En matière professionnelle de récentes lois ont été mises en place comme la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel qui organise le passage d’une obligation de moyens pour l’égalité salariale à une obligation de résultats, notamment à travers la mise en place de l’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ; la loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique  venue renforcer les engagements et les obligations des employeurs publics avec l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’action égalité professionnelle, l’obligation de mettre en place un dispositif de signalement des violences sexuelles et sexistes, ainsi que la facilitation de l’articulation vie personnelle-vie professionnelle ; la loi du 24 décembre 2021 visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle, dite « loi Rixain » qui impose des quotas dans les postes de direction des grandes entreprises à horizon 2030 : 40 % de femmes cadres dirigeantes, sous peine de pénalités financières pour les entreprises ; la loi du 19 juillet 2023 visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique  qui porte à 50 % le quota obligatoire de primo-nominations féminines aux emplois supérieurs et de direction, et instaure un Index de l’égalité professionnelle dans les trois versants de la fonction publique.

Espérons que ces nouvelles mesures permettront de parvenir, enfin, à une réelle égalité femme/homme.


Sy.Même si, d’immenses progrès ont été réalisés, l’égalité femme-homme demeure en construction. En effet, si les revendications essentielles semblent acquises (droit de vote, droit au travail, droit de disposer de son propre corps, égalité en droit, parité en politique), la prépondérance masculine, disparue en droit, reste présente en pratique. Malgré tout, pour beaucoup, le féminisme apparaît comme un mouvement historique dépassé et des discours dits « masculinistes », prônant la défense de l’homme et de valeurs traditionnellement attachées à la masculinité, sont récemment apparus.

L’égalité femme/homme est quasiment réalisée en droit dans les pays développés, malgré des problèmes persistants, en revanche, c’est un des défis majeurs des pays en voie de développement.
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