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Des sociétés « moyennisées » ? : Commentaire de tableau

Sujet : Sentiment d'appartenance à une classe sociale 1966 - 2010 (en % de la population).

Source : CEVIPOF 2011.



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Face à un document statistique, il faut procéder comme on le ferait face à un texte (on lit d’abord en entier puis on analyse). Il faut procéder à deux mouvements complémentaires, l’un exhaustif, l’un sélectif :

  1. il faut procéder à une lecture méthodique, pour ne rien oublier ou ne pas commettre contre-sens : D’où vient le document ? Quelles sont les sources ? Quel phénomène décrit-il ? Quel est son titre ? Sur quelles variables porte-il ? Quels sont les indicateurs retenues pour décrire ce phénomène ? Que recouvrent les catégories utilisées ? Quelles unités ? De très nombreuses erreurs de lectures sont commise du fait d’une lecture trop rapide des unités : a-t-on affaire à des valeurs absolues (par ex à des milliers) ? Si on a des pourcentages, par rapport à quoi sont-ils calculés ? Sur quelle période porte-il ?
  2. il faut “faire parler” les chiffres, c’est-à-dire sélectionner les informations pertinentes et les interpréter, c’est-à-dire qu’il faut Mobiliser vos connaissances sur la société pour dégager des explications du fait étudié : Que connaissez vous sur ce phénomène ? Quels sont les autres faits sociaux qui y sont liés, et qui peuvent expliquer ou influencer celui auquel on s’intéresse ? Quelles sont les analyses que l’on peut proposer sur ce phénomène ? Quels sont les débats ?

La difficulté du commentaire de tableau est de ne pas tomber dans l’un des deux écueils suivants : soit ne rien faire d’autre que dérouler les chiffres en une phrase (du style : « le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière est passé de … à …»), soit les oublier totalement pour faire une mini-dissertation sur le déclin de la classe ouvrière ou, plus souvent par porosité sans doute avec la 1ère question, sur la moyennisation de la société française.

Il fallait d’abord en introduction présenter l’enjeu et l’origine du tableau.

Toutes les lignes n’étaient pas à commenter, mais celles sur les classes moyennes et la classe ouvrière évidemment, en plus de l’ensemble qui montre une stabilité sur longue période de ce sentiment d’appartenance à une classe sociale (contre la thèse souvent rabâchée d’une disparition), avec toutefois le déclin de 2001-2002. A ce propos vous pouvez émettre des hypothèses explicatives, mais sous forme d’hypothèses.

Qui dit « sentiment d’appartenance » dit subjectivité ! Par voie de conséquence, on peut penser qu’une partie du groupe ouvrier préfère s’identifier aux classes moyennes (c’est plus valorisant) et qu’une partie des catégories supérieures aussi.

Enfin, il fallait bien sûr avoir un regard critique sur les données. Des écarts de date (rien entre 1966 et 2001, puis 2002 et 2010), pas d’explication sur la méthode et la population interrogée et surtout des catégories à critiquer : mélange entre des groupes que l’on peut qualifier de classe (ouvrière, moyenne) et d’autres soit professionnelles (« commerçants ») soit imprécises (les « pauvres »). Objectivement et subjectivement, les « cadres » relèvent de la catégorie « classes moyennes », alors pourquoi les avoir distingués (il peut ainsi être légitime y compris dans le commentaire d’additionner ces catégories).

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