Sujet n°1 : Quelle est la nature du régime politique de la France ?
1) Délimitation du sujet au brouillon
Le sujet comporte une délimitation géographique explicite : la France. Il comporte aussi une délimitation temporelle implicite : puisqu'il ne précise pas de période historique, il sous-entend le régime actuel.
Avant toute chose, il faut comprendre à quel thème le sujet renvoie. Il s'agit des régimes politiques, thème au programme du cours de droit constitutionnel en première année.
Il faut ensuite définir au préalable ce qu'est un régime politique : deux acceptions possibles :
- dans son sens premier, l'expression « régime politique » est synonyme de forme de gouvernement et renvoie à une distinction qui repose sur le nombre de titulaire(s) du pouvoir politique (monocratie, oligarchie, démocratie) ;
- dans son sens courant aujourd'hui, l'expression renvoie à l'organisation des relations entre les pouvoirs. Cette organisation repose, dans nos démocraties contemporaines, sur le principe de la séparation des pouvoirs.
- en vertu du sens premier, la réponse à la question posée par le sujet est simple : la France est une démocratie. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, mais l'on ne voit pas spontanément de problématique précise ;
- en vertu du second sens, la réponse à la question posée par le sujet est déjà plus compliquée (régime parlementaire ? régime présidentiel ?). Et cette complication indique qu'il y a problème.
Une fois parvenu(e) à cette étape, vous devez alors restituer sur le brouillon toutes vos connaissances sur les régimes politiques entendus dans le second sens.
2) Recherche de la problématique
Dans le sens retenu, nous l'avons dit, l'expression « régime politique » renvoie à l'organisation des relations entre les pouvoirs, laquelle repose, dans nos démocraties contemporaines, sur le principe de la séparation des pouvoirs.
Vous devez donc mobiliser vos connaissances sur la séparation des pouvoirs et, plus précisément, sur ses applications :
- séparation stricte des pouvoirs, caractéristique des régimes présidentiels ;
- séparation souple des pouvoirs, caractéristique des régimes parlementaires.
Posé sous forme de question, le sujet pose d'emblée la problématique.
3) Construction du plan
Il est difficile en effet de classer le régime politique français dans l'une des deux catégories relevées parce qu'il présente des caractères de chacune. Qui plus est, la nature du régime se révèle tributaire des conjonctures politiques et aura une tendance présidentielle en période de fait majoritaire et une tendance parlementaire en période de cohabitation.
Les connaissances regroupées permettent clairement de voir apparaître deux masses et deux « sous-masses » :
- la France emprunte des traits aux deux modèles ;
- la nature du régime politique français varie en fonction des circonstances politiques (fait majoritaire, cohabitation).
4) Bâtir l'introduction
Phrase d'attaque (accroche). « Je sais bien qu'il y a des exégètes qui s'incommodent de ne pouvoir faire entrer la Constitution dans l'un des deux moules rigides qui seraient, à les en croire, les seules conceptions possibles pour les institutions de la France... Disons si vous voulez que notre Constitution est à la fois parlementaire et présidentielle, à la mesure de ce que nous commandent à la fois les besoins de notre équilibre et les traits de notre caractère ». Par ces propos tenus lors d'une conférence de presse le 11 avril 1962, le Général de Gaulle, père de la Constitution de la Ve République et alors Président de la République, révèle toute la complexité de la nature du régime politique français.
Poursuite de l'idée. Ce dernier semble en effet ne pas avoir tranché entre une séparation stricte des pouvoirs caractéristique du régime présidentiel et une séparation souple des pouvoirs caractéristique du régime parlementaire.
Historique. Si, à ses débuts, le régime de la Ve République est clairement parlementaire, il va vite évoluer vers une présidentialisation. La césure a lieu en 1962 : échappant à l'attentat du Petit-Clamart, le Général de Gaulle décide d'offrir à ses successeurs une légitimité forte, tirée de l'élection au suffrage universel direct. Les cartes sont alors brouillées puisque la majorité à l'Assemblée nationale doit désormais composer avec un Chef de l'État fort, jouissant d'une légitimité équivalente, si ce n'est supérieure, à la sienne. Les relations entre les pouvoirs s'en trouvent immanquablement modifiées et, le régime français, caractérisé par un Président de la République fort, en devient inclassable.
Problématique / Problème juridique. Quelle est alors la nature du régime politique de la France ?
Réponse et annonce du plan. La nature du régime politique français est doublement « flottante » : d'une part, il emprunte des traits caractéristiques aux deux grands modèles (I) ; d'autre part, il dépend de la conjoncture politique (II).
5) Exemple de plan détaillé avec chapeaux et transitions
I. Les emprunts aux deux grands modèles théoriques
Chapeau : Le régime politique français possède à la fois des caractéristiques du régime parlementaire (A) et des caractéristiques du régime présidentiel (B).
A. Les emprunts au régime parlementaire
Chapeau : Le régime parlementaire se définit comme un régime de collaboration des pouvoirs, dans lequel les pouvoirs disposent de domaines d'action communs et de moyens d'action réciproques. La France pratique les deux mécanismes propres au régime parlementaire que sont l'engagement de la responsabilité du gouvernement (1) et le droit de dissolution de l'Assemblée nationale (2).
1. L'engagement de la responsabilité du gouvernement
2. Le droit de dissolution
- Dans les régimes parlementaires « classiques » : droit qui appartient au Chef du gouvernement.
- Article 12 de la Constitution.
B. Les emprunts au régime présidentiel
Chapeau : Le régime présidentiel se définit comme un régime de séparation stricte des pouvoirs, marqué par l'autorité du Président. Le premier aspect ne se retrouve pas en France où il y a, comme cela a été dit, collaboration des pouvoirs. L'emprunt au régime présidentiel tient au second aspect, l'autorité du Président, qui découle tant de sa légitimité (1) que de l'importance de ses pouvoirs propres (2).
1. L'élection du Président de la République au suffrage universel direct
- De 1958 à 1962 : élection par un collège de « grands électeurs » (// Allemagne, Italie).
- 1962 : élection au suffrage universel direct.
- Légitimité démocratique.
2. Les pouvoirs propres du Président de la République
- Pouvoirs sans contreseing.
- Le droit de dissolution, mécanisme de régime parlementaire, est un pouvoir propre du Président.
II. Un régime mixte à fonctionnement alternatif
Chapeau : Si les mécanismes des régimes parlementaire et présidentiel sont tout deux présents dans la Constitution, les circonstances politiques vont, dans la pratique, révéler la tendance du régime, tantôt présidentielle (A), tantôt parlementaire (B).
A. Une tendance présidentielle en période de fait majoritaire
Chapeau : En période de fait majoritaire, le Président de la République dispose du soutien de la majorité à l'Assemblée nationale (1) et se présente alors comme l'homme fort du régime.
1. Le fait majoritaire
- Président de la République et majorité à l'Assemblée nationale de la même « couleur » politique.
- Personnalité du titulaire de la fonction présidentielle (De Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande.
2. Le Président, l'homme fort du régime
- Prépondérance du Président de la République.
- Rôle du Premier ministre.
B. Une tendance parlementaire en période de cohabitation
Chapeau : Terme inventé par Edouard Balladur, la « cohabitation » désigne la situation dans laquelle le Président de la République et la majorité à l'Assemblée nationale ne sont pas de la même couleur politique (1).
1. Les expériences de cohabitation
1986-1988, 1993-1995, 1997-2002.
2. Le Premier ministre, l'homme fort du régime
- Le Premier ministre, chef de la majorité à l'Assemblée nationale, « détermine et conduit la politique de la Nation » (article 20 de la Constitution).
- Rôle effacé du Président de la République.
- Réforme du quinquennat et inversion des calendriers : fin de la cohabitation et présidentialisation du régime ?