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Grands problèmes contemporains

Ecole et mobilité sociale : Dissertation


Sujet : La démocratisation de l'école a t-elle eu lieu ?

En savoir plus : Corrigé

Accroche : Tension autour de l'école n'a jamais été si grande : plus de choses s'y jouent qu'avant (ou le titre de l'ouvrage de S. Beaud pourrait faire une bonne accroche aussi).

Problématique autour de l'idée d'une promesse dont il s'agit d'évaluer le fait qu'elle se soit réalisée ou non.

Dans quelle mesure peut-on considérer que la promesse de démocratisation de l'Ecole qui s'était dessinée après-guerre dans la plupart des pays développés a été tenue en 2015 ?
OU
L'ouverture de l'institution scolaire et l'élévation du niveau général de formation qui se sont produites à partir des années 1960, puis dans les années 1980-1990, permettent-elles de parler de démocratisation de l'Ecole à l'époque actuelle (années 2010) ?

I. Une démocratisation de l'accès à l'école qui s'est produite sur le long-terme

A. Une unification progressive du système scolaire au XXème siècle
  • Des lois Guizot et Ferry au « collège unique » (1975).

B. La démocratisation de l'accès au bac et à l'enseignement supérieur (des années 1960 aux années 2000)
  • Nouvelles universités « de masse » construite dans les années 1960. Nouvelle vague d'ouverture dans les 90's.
  • Rôle du bac pro (1985) dans ouverture du bac au cours des 80's.
  • Démocratisation quantitative permet, durant cette première époque, une démocratisation qualitative, dans un contexte de transformation des structures sociales (importante mobilité structurelle).
  • Baudelot/ Establet, Le niveau monte, 1989.

II. Une démocratisation qui demeure ségrégative

A. Du maintien de fortes inégalités sociales face à la réussite et à l'orientation...
  • Comme le montre Antoine Prost (L'Enseignement s'est-il démocratisé ?, 1992), si la démocratisation quantitative (augmentation des taux de scolarité aux différentes âges) s'est accompagnée jusque dans les années 60 d'une démocratisation qualitative qui se traduit par une réduction des inégalités entre les groupes sociaux, cette dernière a depuis cessé de progresser. En effet, il note, à travers une étude sur l'académie d'Orléans, que le processus de démocratisation a stagné au niveau du lycée du fait de la multiplication des filières inégalement prestigieuses.
  • Massification plus que réelle démocratisation (Beaud).
  • Inflation scolaire, toujours au détriment des mêmes.
  • Cette nécessaire précision du concept vague de « démocratisation » est réalisé par de nombreux auteurs : cf aussi Pierre Merle, La démocratisation de l'enseignement, 2002, qui distingue démocratisation égalisatrice/ uniforme/ ségrégative ; pour lui le dernier cas de figure décrit ce qui s'est joué dans les lycées sur la période 1985-1995, dans la mesure où le recrutement de la filière S est plus bourgeois qu'auparavant et que la création des bacs pro a eu pour effet de limiter la place des enfants des catégories populaires dans les séries générales. Cela montre bien, qu'à partir des années 60-70, la croyance en une égalisation des chances entre les enfants/ jeunes à l'Ĺ“uvre au sein de l'institution scolaire, se voit largement remise en question.
  • Rôle central d'études de l'INED qui à partir des années 60, permettent de réaliser un constat chiffré des inégalités d'accès aux études des différentes classes sociales.
  • Ce qui est en jeu ici c'est la mobilité sociale (notamment intergénérationnelle), donc le principe démocratique de positions idéalement ouvertes à tous.

B... à un recul contemporain de la démocratisation (qualitative)
  • Un retour de l'importance de la variable économique et sociale.
  • Enquête PISA sur l'élitisme de l'Ecole française : les inégalités selon l'origine sociale sont plus fortes en France que dans les autres pays de l'OCDE et ont encore augmenté.
  • Refermeture des grandes écoles.
  • Liée aussi au contexte économique actuel : coup d'arrêt à la mobilité structurelle.
  • Pierre Merle va jusqu'à parler d'un nouvel apartheid scolaire > en 1985, 35% des élèves de la filière S sont d'origine populaire, a baissé en 2005 ; 1985 : 65% d'enfants d'origine populaire dans filières prof, en 2005 a augmenté. Embourgeoisement des filières S/ prolétarisation des filières prof. Dans le supérieur aussi, filières de moins en moins mélangées (élitisation des filières d'élite). Explique que, depuis 2000, la durée de la scolarité n'augmente plus que pour les étudiants les plus scolarisés = une augmentation de la durée des études qui ne profite qu'aux plus aisés.
  • Ségrégation croissante entre les collèges (retour à un système dual ?).

En conclusion, noter le maintien de la reproduction sociale au moment où la démocratisation s'affirme comme un objectif central et l'importance croissante des stratégies scolaires qui sont inégalement distribuées... Complexification du système scolaire, rôle des tactiques : cf texte d'Agnès Van Zanten ; Sélection plus cachée, à l'intérieur des établissements.
 
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